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AutreMonde
1 décembre 2007

Le déclin français ... vu du Collège de France.

Un article dans les pages Débats du Monde de ce vendredi 30/11.
Il est signé d’Antoine Compagnon, professeur de littérature française au Collège de France et titré: “Le déclin français vu des États-Unis”. L’Édition européenne du Time et son gros titre (La mort de la culture française) le motivent. Je lis. Deux fois.

Est-il bien indispensable de laisser dans le texte “l’Entertainment Industry” en l’état, au mépris de l’Industrie du divertissement?
Les Français préfèrent lire des romans américains épiques? Il s’en vend. Les lit-on? Et puis le dernier John Irving (Je te retrouverai), l’an passé, était insipide, sinon nul; Un homme, le dernier Philip Roth, à quelques pages près, est tout à fait banal ... Cela justifie-t-il tant de mépris - c’est Compagnon qui parle - pour “la dernière autofiction germanopratine, facétie minimaliste, ou dictée post-naturaliste”? Des noms! Et si les américains étaient décidément trop cons pour comprendre Modiano?
Quant au jugement rapporté de Douglas Kennedy: “... les romanciers français font des choses intéressantes, mais ce qu’il ne font pas, c’est de regarder la France”, outre son “de” grammaticalement douteux, il ne me convainc pas. Et c’est la puissance des États-Unis qui rend si fascinante la “condition américaine”. Si nous nous retrouvions nous-mêmes aux avant-postes des indicateurs économiques mondiaux, Entre les murs, de François Bégaudeau ou Bleu de Chauffe, de Nan Aurousseau deviendraient ipso facto outre-Atlantique des témoignages littéraires passionnants et décrétés “incontournables” sur l’état de l’école ou de l’entreprise, sur l’état de la France ...

Malgré tout, selon Time, nous réaliserions “quelquefois de bons films, comme les Taxi , l’Auberge espagnole ou Amélie Poulain”. Et Compagnon nous dit: “Il se trouve que je les ai vus (c’est le genre de films auxquels Air France expose les captifs de ses avions) mais ils ne me donnent pas de raisons particulières d’espérer”. Quel salmigondis! Comment mettre dans le même panier une pantalonnade pour collégiens (la série des Taxi ), une bluette de bonne qualité (Amélie Poulain) et un très bon film de genre (L’Auberge espagnole)? Si Compagnon adopte des critères “Air france” pour juger ou déjuger ... Connaît-il d’autre cinéma qu’aéroporté? Etc.

Etc.? Pas tout à fait. Un dernier paragraphe à la conclusion indécidable mérite encore un brin d’indignation. Je cite: “ La sortie du déclin passe-t-elle par la refondation de l’école, la remise à la mode de la lecture, la réparation d’hiatus entre la littérature et le monde, l’introduction d’un enseignement artistique dans le secondaire, la concurrence des universités (...)? Peut-être, mais faisons surtout le pari (...) que le roman de la France contemporaine est sous presse”. Le pari? Ce qui veut dire? C’est du Pascal (Blaise)? Et la refondation de l’école - rappelons qu’Antoine Compagnon est membre du HCE (Haut Conseil de l’École) en remplacement de Laurent Lafforgue, trop exalté (ce qui n’est pas faux) et trop investi (ce qui était une qualité) - axe fondamental, alpha et oméga , ressort indispensable et condition sine qua non de tout vrai ressaisissement général se trouve ravalée au rang des peut-être et des hypothèses faibles! Quel gâchis!
À quoi donc sert le HCE, et qu’y fait une grande intelligence qui n’a pas compris l’impasse où l’aveuglement des stratèges de l’Éducation nationale nous a conduits et ne voit pas quel indispensable retournement opérer? Quand Molière itérait: “Le poumon!”, il se moquait. Mais dire, répéter, inlassablement, exclusivement: "L’école obligatoire d’abord!", ce devrait être la première évidence, le premier devoir, la seule antienne d’un professeur réputé éminent et qui pourrait être entendu. Il ne s’agit pas d’un pari, mais d’une exigence et dont il faut se saisir! Réglons d’abord le problème de l’école. Le déclin, avec le reste, se dissoudra!

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Commentaires
N
Effectivement je faisais davantage confiance en l'homme engagé qu'était Laurent Lafforgue , qu'en ce dilettante toujours souriant qu'est Antoine Compagnon.<br /> Pour parler de déclin français je déplore- et cela m'est très douloureux- que les 3 plus mauvaises prestations, aux séminaires qui suivent les cours au Collège de France d'A.C., furent de loin celles des 3 professeurs français...<br /> Peut-on parier que la situation va s'inverser???
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