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AutreMonde
25 septembre 2006

Je, François Villon ...

Roman de Jean Teulé - Chez Julliard. J’ai rencontré François Villon en classe de Seconde. Lycée de Talence (Gironde). Année scolaire 1958-59. Le professeur de Français-Latin se nommait Barbier et s’émerveillait des itérations lancinantes de Charles Péguy qu’il voulait me persuader d’aimer. Où est Barbier aujourd’hui? Au royaume des ombres? Quant à Villon, peu de souvenirs. Il était au programme, XV° siècle oblige, on passait assez rapidement. La Ballade des Pendus bien sûr, et surtout, pour moi, celle des Dames du temps jadis - j’étais alors un “fan” de Georges Brassens qui l’avait mise en musique et la chantait. Et puis j’ai oublié le poète jusqu’ à la rentrée de septembre 1999 et mon retour demandé dans l’enseignement secondaire au Lycée François Villon, Porte de Vanves, Paris, XIV° arrondissement. Établissement de zone sensible. Retour difficile à la pédagogie que je n’ai jamais eue infuse et que j’avais rapidement fuie par le haut et les classes préparatoires au début de ma carrière. Barbier nous racontait Villon voyou... Hélas, l’établissement aussi, sous la férule d’un docteur Coué en jupons qui s’enchantait de toute diminution du nombre hebdomadaire de vitres brisées... J’ai filé ailleurs - où ce ne fut pas mieux! - au bout de trois ans, épuisé du constat accablant de notre incapacité collective à prendre à bras le corps les situations locales pour les traiter à leur niveau, sans s’embarrasser de textes officiels et en inventant une prise en charge des élèves qui nous implique en équipe dans la fermeté d’un dialogue où chacun retrouve sa place, le maître dans le savoir, l’élève dans l’écoute. Las .... Et Villon François, né en 1431 et mort ... nul ne sait précisément quand, trois ou quatre dizaines d’années plus tard ? Et bien, ce Villon là, c’est Jean Teulé qui cette année s’en charge, et veut nous le narrer tout vrai, tout romancé, tout cru. Teulé, compagnon de Miou-Miou paraît-il, comme un titre de gloire?, talents divers, études de dessin à l’École d’art de la rue Madame, BD, télévision, cinéma, diable, diable, et près de dix romans ! Il a relu tout ou partie de son François, les poèmes sont là, qui marquent des étapes et ma foi, s’est-il je le suppose dit, il n’y a plus qu’à leur inventer des origines, une histoire, qu’à leur fournir des péripéties génériques, annexes et graveleuses, qu’à les plonger dans une époque soigneusement ignoble, gaillardement étripante et violeuse, systématiquement meurtrière, occasionnellement anthropophage et triomphalement scatologique. Et en avant, à la louche... ça devrait bien se vendre! On est éberlué. On nous en avait caché des choses, et des pas belles, et des pas propres, et des sacrément gratinées. Tout est à peu près invraisemblable là dedans. Reste le problème de savoir si c’est vrai. Reste aussi le problème de savoir si cela fait de la littérature, si cela fait un roman, si cela présente un quelconque intérêt.... “Pôvre Villon”, qui nous en sort parfaitement méprisable et aussi peu poète que possible. On nous peint une sorte de Cohn-Bendit aviné qui aurait rapidement dérapé dans la recherche systématique de toutes les souillures, entouré d’amis d’enfance ou de rencontre qui se spécialisent dans ce qu’on appelle aujourd’hui le “gore” et pour l’un par exemple, charcutier de son état, dans le pâté de pendu (les gibets fournissent de la bonne viande, pourquoi chercher ailleurs? On dépend le supplicié tout frais et hop, à la moulinette.. La pratique donnera au doux François l’occasion de manger sa mère). Comme l’eut dit le charcutier cité, tout ça ne vaut pas tripette!. On voulait entrevoir le poète dans son “work in progress”, on nous montre la fuite en avant d’un jouisseur obsessionnel, qu’un Bernard Tapie, du temps de ses péroraisons médiatisées, aurait dit “sévèrement burné”, doublé d’un rimailleur compulsif dont l’amoralité s’entretient des ignominies qu’elle accumule et qui se vautre complaisamment dans le crime et l’abjection. Fort antipathique ... et sans style pour sauver l’affaire, s’intéressât-on, ici ou là, à l’anecdote. C’est une main amie qui, disposant, au gré de quelque hasard de son parcours, de deux exemplaires du bouquin, m’en a offert un. Et c’est par amitié que j’ai poussé la lecture à son terme. Autrement dit: on peut s’en dispenser! ... avec malgré tout ce doute qui s’installe, qui flotte et qui subsiste, feuilletant l’impressionnant ensemble de références bibliographiques qui clôt le volume et qu’on n’a pas contrôlées: “Merde alors, et si c’était vrai?”.
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Commentaires
J
je suis tout à fait en adéquation avec vos commentaires sur le livre de J. Teulé. juste un point , il semble bien que sa mère était encore vivante en 1461 selon le testament lui même. <br /> a part cela il est vrai qu'on ne peut pas ne pas se piser la question quand on ferme le livre, et si tout était vrai?<br /> par contre il est bien dommage quand on parle d'un auteur enseigné dans les écoles de faire autant de fautes d'ortographe. il n'y a pas de corecteurs chez Julliard?<br /> JCG
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H
J'avoue.. je ne suis pas allée plus loin dans ma lecture que ce que je t'en avais dit cet été... Et tu ne me donnes pas envie de persévérer !
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M
J'ai lu, emprunté à la bibliothèque, Je, François Villon ... J'ai été effarée de ce que j'ai lu, je ne suis pas enseignante ni historienne, ni rien de tout cela, je n'ai pas la possibilité de vérifier ces écrits, et comme vous je me dit : Merde alors et si c'était vrai ? Pas trop surprise que nous ayons été aussi ... quoi, aussi dégueu physiquement et moralement, la nature humaine est ainsi faite, et avons nous changé tant que ça, probablement pas ... En bref cette lecture m'a plus secouée qu'un triller, est-ce à cause de Villon que comme vous j'avais étudié en classe ?
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