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AutreMonde
12 septembre 2006

Potins Pédagogiques ...

France-Inter fait en ce moment de la pub pour le bouquin de Philippe Meirieu « Ecole, demandez le programme ». Ils ont trempé dans son édition pour des raisons qui me restent mystérieuses. Sous la bannière « Les citoyens construisent l’école du futur », on trouve là-dedans la mise en forme d’un projet qui s’affirme « participatif », comme dirait Ségolène, la description d’une prospective bâtie sur le « socle » des contributions rassemblées par la net-revue pédagogique qui s’est donné pour intitulé d’être un café du même nom : http://www.cafepedagogique.fr (et aussi : http://inter.cafe-leblog.net ). Mouais …. Je me suis imposé de lire la chose. C’est un aimable pensum, on s’ennuie un peu, ça mouline du vœu, de l’utopie, du y-aurait-qu’à … Mais au fond, qui fait mieux ? Difficile de dessiner une refonte. Tout se dilue immédiatement dans les bonnes intentions. La théorie fatigue, mais comment décréter l’action ? Les idées avancées ne sont pas antipathiques, mais qui va les mettre en œuvre ? Meirieu ministre ? Il doit, comme tant d’autres, s’y voir le matin en se rasant … Mais enfin la soupe est bien tiède, qu’il nous sert, plein de bonne volonté. Et il faudrait quand même aller plus loin que l’esquisse…. La CSP (Catégorie Socio-Professionnelle) des parents pour définir le niveau d’investissement éducatif réclamé par l’établissement ? Et pour fixer, du coup, le niveau des salaires du personnel enseignant ? Ma foi, why not ? Intéressant, même ! Plus efficace certainement que des discours pour drainer du prof-motivé-de-qualité ! Mais il faut que le quantitatif suive, et significativement. Des débuts de carrière à 3000 euros mensuels et douze heures hebdomadaires d’enseignement en ZEP ? Il n’a pas osé dire ça. Dommage, ça changerait le paysage ! Laissons tomber les euphémismes ! Dans l’ensemble, le système éducatif est malade de ses cadres et les chefs d’établissement, globalement – honneur aux exceptions –, ne sont pas à la hauteur de la tâche, braves gens dépassés par des responsabilités et des exigences managériales auxquelles rien ne les a préparés et qu’on ne leur a jamais laissé entrevoir. Alors ? Remise à plat ! Dans chaque établissement, trois mois d’expédition des affaires courantes et d’effort collégial pour dégager un projet local réaliste de prise en charge éducative, à moyens constants (mais si), de la population scolarisée, débouchant sur l’élection en interne d’un responsable, mandaté à trois ou cinq ans comme exécutif dudit projet et, ipso facto, devenant chef d’établissement. La mise en route, la gestion, l’animation de ce travail collégial préparatoire? À confier à une personnalité extérieure ! Cela ferait un « job » enthousiasmant pour néo-retraité dynamique ! Meirieu a dit ça ? Mais non ! Mais il aurait dû le dire, dans la foulée de ses pistes en demi-teinte et pour donner un peu de corps à son propos ! Etc. La proposition molle me fatigue, presque autant que le venin des flèches de l’autre bord. Le blog de rentrée de JP Brighelli, à ce sujet, n’est pas encourageant. Après « La fabrique du crétin », dont il est l’auteur et qui vient de bénéficier d’une réédition en poche, il se lance dans « La chronique de l’auto-satisfait ». Bah, je suis pourtant certain que le bonhomme doit valoir mieux que ce qu’il raconte, comme ça, au feeling. Mais il digère mal les nécessités de l’époque. Dommage. Qu’est-ce qu’il donne en classe ? Je serais curieux de voir ça. C’est comme cette histoire de carte scolaire ! Les voilà tous déchaînés contre. Mais c’est très bien la carte scolaire ! Ça part d’un bon sentiment…et ça pourrait y arriver ! Seulement voilà, comme il est nettement plus difficile de former des maîtres, de penser et distribuer des moyens, d’animer des équipes, que de déplorer des fatalités sociologiques, on choisit un baudet, on crie haro, et on insulte en chemin des établissements et des personnels qu’on a été incapable d’armer pour le combat où on les a jetés. Chaque secteur scolaire a ses spécificités.. Et du coup , les établissements de ce secteur, leurs personnels, leurs missions, leurs marges d’autonomie, doivent être, également, spécifiques, ce que ne prend absolument pas en compte – la conception des ZEP est une aimable foutaise - l’actuelle philosophie gestionnaire de l’Éducation Nationale. Alors, on accuse la carte scolaire et on capitule en rase campagne parce qu’on n’a pas même compris qu’on pouvait se battre, et moins encore comment. Nous n’avons pas eu en fait – pour ce que j’ai pu en juger comme élève et comme professeur – un seul ministre visionnaire sur au moins six décennies. Les corps d’inspection pédalent dans la choucroute, les directeurs des services départementaux font de la gestion au petit pied en méprisant cordialement ces fainéants d’enseignants qui leur créent des problèmes, les proviseurs sont majoritairement inefficaces et dépassés, les recteurs sont vaguement paumés et aux ordres, sans par ailleurs comprendre vraiment lesquels … Le système, en fait, sombre d’abord par le haut. J’évoquais l’autre jour Hannibal à Trasimène. Les chefs y ont été tués les premiers et dès lors, les légions se sont défaites. Il y a de ça, dans un système éducatif à vau l’eau, non piloté. Et c’est pour ça que s’écharpent, dans l’allégresse des polémiques stupides et le fracas des pédagogies à l’abandon, quelques idéaux inefficaces portés par des épistoliers grognons. Sur son site, je lisais l’autre jour que Laurent Lafforgue, préfacier de JP Brighelli et médaillé Fields de la réaction éducative, se plaignait d’avoir été traité de zozo (ou plus probablement de drôle de type) par Georges Charpak, physicien Nobellisé et grand initiateur de La main à la pâte, fer de lance de l’enseignement contre-magistral. Je ne crois ni en l’un, ni en l’autre, et leurs invectives croisées sont vaines. Lafforgue s’excite pour un rien et entend des voix. Charpak confond le saut à la corde et l’étude de la gravitation. Avec ça, on est bien lotis … In medio stat virtus ? Mais dans le désert conceptuel des penseurs officiels du Ministère, qu’espérer d’autre que ces guerres picrocholines et que faire d’autre que d’assister, effaré, à l’implosion de ce qui aurait dû être la construction d’une société dans et par l’ouverture des intelligences, en des lieux où pussent souffler toutes les cultures, la soif de comprendre, la tolérance, bref, l’esprit.
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