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AutreMonde
12 juin 2006

Et pendant le Mondial, la réflexion continue ...

Je relisais samedi matin - via le site Désirs d’Avenir - les scripts des interventions de Ségolène Royal sur France 2 (avec Françoise Laborde), France 3 (avec Audrey Pulvar) et RTL (avec Jean-Michel Apathie et Alain Duhamel). Le script du “Questions directes” de France-Inter (vendredi 8h20, avec Patrick Boyer) n’était pas encore en ligne.
La référence itérative de l’interviewée à une “République du respect” (à installer - restaurer), chaque fois indexée par le renvoi aux revendications “du même nom” que l’on trouve dans les textes de rap ou de slam, mérite, je pense, que l’on souligne ceci - qui me paraît manquer -: le respect que réclament ces chansons, que réclament aussi, et sans cesse, les gamins dans les collèges, c’est d’expérience, très restrictivement, celui qu’on leur doit! Et les protestataires indignés des humiliations qu’on leur fait subir sont, dans les comportements observables, bien peu soucieux du respect dû aux autres. À preuve la diffusion plein pot, vitres baissées, sans souci des nuisances sonores induites, voire étalage assumé d’un “Je vous emmerde” agressif, desdites chansons débordant de “respect”, ou les insultes quotidiennes aux enseignants, induites probablement par ce manque évident de “respect” qu’est l’épée de Damoclès, voire l’attribution effective, d’une mauvaise note.
Le respect est une notion “réversible”, et c’est par le respect de l’autre qu’il faut commencer, si on veut en écho obtenir sa part. Ce point d’évidence mérite, d’évidence aussi, d’être souligné.

Pour le reste, la relecture valorise l’entretien accordé à France 2. Sur France 3 et sur RTL, il y a eu un peu trop d’évitements, de langue de bois même, ici ou là. L’entêtement des journalistes à provoquer-obtenir le dérapage ou à souligner la contradiction n’y est pas pour rien ... mais il faut y être préparé(e) . Les “rattrapages” ont été assez bons sur RTL, mais toujours avec un temps de retard, après une première réponse de fuite (L’impôt: le baisser ou l’augmenter ? Le projet du PS: chiffrage ?).

Le positionnement: “J’irai jusqu’au bout si je suis la mieux placée (pour battre la droite)” m’a paru curieux. Dans le contexte, il s’agissait de juger du “placement” en amont du vote des militants du PS. Mais comment, justement, en juger, sinon via les sondages et l’écho médiatique? Donc, “...si je suis la mieux placée” veut seulement dire: “... si je continue à caracoler en tête des pronostics”. Autant l’expliciter. En même temps, s’en tenir à ce critère, c’est un peu insulter le sens du vote effectif des militants. La question ayant été posée à propos du retour hypothétique du serpent de mer (Jospin), la réponse semblait emberlificotée et susceptible de laisser planer un doute - dommageable - sur les intentions vraies. Je préfère là-dessus la réaction lapidaire de DSK (France-Inter - Émission: Le franc-parler ; vendredi 9/6 à 19h20). Question: “Qu’est-ce qui pourrait vous faire changer d’avis (c’est à dire: retirer votre candidature)?”. Réponse: “Rien”.
Quant à Jospin : Requiescat in pace!

Il a été d’ailleurs, vendredi soir, excellent de bout en bout, DSK, dans l’émission citée. Seulement voilà: être excellent ne suffit pas, c’est être élu qui compte! Même si j’ai eu l'autre jour et ici un commentaire “chatouillé” sur cette prise de position, je vais redire que, dans le prolongement (si tendance confirmée) du mouvement actuel, Ségolène Royal étant l’indiscutable porte-drapeau d’un essai crédible de retour, aux affaires et au plus haut niveau, d’une sensibilité politique qui s’efforce de concilier justice sociale, ouverture à la tolérance et fermeté efficace, il me semble naturel d’espérer que le courant puisse s’augmenter, passé le vote des militants du PS, de la convergence de sa démarche et de la précieuse et polyvalente compétence de DSK.

En termes de compétences, on en sent d’ailleurs frétiller quelques autres. Mais frétiller est humain et quand il s’agit d’intérêt général, il faut passer sur les humeurs : tout doit faire ventre. La quasi offre de services de Lionel Stoleru dans Le Monde de samedi 10 juin, par le biais d’un article tout à fait convaincant et probablement convaincu , pédagogique et clair (“Pour une gauche qui tienne la route” - en page Débats), ne me semble pas à négliger.

Et notre Nicolas national là dedans ? Ah! Nicolas ... J’ai un vrai problème avec Sarkozy. Le bonhomme, par nombre de côtés, par son bagout, par son talent, par ce que je perçois comme un certain courage (voire un courage certain), me plaît bien. J’irai plus loin! Sensible aux personnalités, comme je parlais d’un ticket Ségolène-DSK, je trouverais (allez, cédons aux modes langagières) sexy un ticket Sarkozy-MAM ... Seulement voilà, en gros, à travers nombre de propos que j’y entends (qu’on m’y fait entendre) circuler, l’UMP me donne des boutons. Et Fillon, qui semble jouer aux côtés de Sarkozy quelque rôle, malgré une assez bonne “image”, m’a pas mal agacé comme ministre de l’éducation nationale (il est vrai qu’on n’a pas gagné au change avec l’inénarrable de Robien). Et puis la Gauche, quand même, entre ses pleureuses et les excitations de Julien Dray ou de Jean-Luc Mélenchon, même si je me moque, même si elle me navre d’angélisme et de bêlements convenus, malgré son électroencéphalogramme à peu près plat sur les questions éducatives (bon, mais ce n’est pas mieux de l’autre côté...), malgré Jospin (difficile à avaler, là ... mais on est dans le subjectif), la Gauche reste dans mon imaginaire, dans ma philosophie: rousseauisme vague, les gamins sont éducables, faisons souffler l’esprit et bourgeonner les intelligences, on peut éviter le knout, etc. Il faudrait développer ...

À propos de philosophie, justement (outre que c’est ce matin qu’a lieu l’épreuve du baccalauréat du même nom ... Il faudra aller voir les sujets tout à l’heure), il y avait un billet de bonne qualité en page Débats du Monde de samedi 10, sous l’exposé de Stoleru, d’un nommé Michael Smadja, professeur certifié (“Prof de philo, quelle est ta quête?”). Quoi? Le Monde s’ouvre aux non-agrégés maintenant? Que ne va pas dire Jean-Paul Brighelli?
L’article est bien. Et il est justifié de le retrouver dans la page du “Stoleru”. Au fond, tout converge et pour la Gauche, il y a là deux discours pour deux volets d’une même possible (nécessaire) réflexion. Comment sauver l’avenir en fabriquant un homo economicus, façon Stoleru, qu’on armerait préalablement en homo philosophicus, façon Smadja? Je ne plaisante en rien! C’est la question de fond!
“Il n’y a pas de raison en acte dans l’obscurité d’un langage sommaire, ni dans la clarté blême d’un monde sans passé”. Ma foi, Smadja parle d’or, et formule bien... “Il y a bien longtemps que l’école ne veut plus former des citoyens éclairés par l’apprentissage de l’inutile”. La phrase est belle. Et le constat accablant. Il faut se ressaisir de cela. Il faut réapprendre à penser, pour apprendre à penser le monde et à y vivre pleinement. Il faut passer par Smadja pour assimiler Stoleru. Le politique - quel qu’il soit - doit comprendre cela, et la Gauche, théoriquement, est génétiquement mieux armée pour le faire. Mais on acceptera tous les chemins de Damas pourvu qu’ils aboutissent à ceci: redonner du sens à la vie de l’esprit, cesser de prendre la game-boy ou l’ipod ou le mobile, pour une fin en soi, accéder à l’épanouissement de et par la réflexion. Je crois que c’est possible et je continue à le croire, même dans le bruit assourdissant des vociférations du Mondial: mais il faut reprendre tout le système scolaire.

Une suggestion: les présidentielles ont lieu en mai (2007). On laisse filer sur son erre la fin de l’année scolaire et universitaire en cours. On décrète un moratoire des formations de six mois, six mois à consacrer au chantier du renouvellement. On mobilise les volontés (toutes: syncrétisme plutôt qu’œucuménisme), toute la structure enseignante. On redémarre un nouveau système éducatif au premier janvier suivant (2008), fondant du même coup le concept obsolète d’année scolaire dans le concept réaliste d’année civile.

Utopie? Certainement pas! Résolument planifiable. Mais il manque jusqu’ici le courage politique. Ah! Ségolène, DSK, Nicolas et quelques autres, si seulement vous pouviez ne désirer être élus que pour cela: réinventer l’humanisme, sauver l’homme de lui-même, qui s’est laissé glisser ....

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