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AutreMonde
16 février 2006

Cent fois sur le métier ......

Eric Maurin est polytechnicien, promotion 81, ce qui doit lui donner environ 45 ans d’âge et, reconverti dans la chose, il est directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Il a publié en 2004 Le ghetto français - Enquête sur le séparatisme social (République des idées - Le Seuil), ouvrage dans lequel, adossé aux enquêtes de l’Insee, il s’attache à analyser la ségrégation sociale .

Dans un article du numéro de février de la revue des anciens élèves de l’École Polytechnique, il se livre à une réorganisation ponctuelle de sa réflexion qu’il condense, sous le titre “S’attaquer aux causes profondes de la ségrégation sociale”, autour des problèmes de l’école. Cet article, intéressant, et qui se prolonge par un élargissement du propos en direction d’un plaidoyer pour une société “plus fluide”, m’a semblé nécessiter une réponse ouvrant un débat, réponse que j’ai proposée à la revue et dont je voudrais donner ici (et d’ailleurs donne!) , l’essentiel............

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Ségrégation sociale et école ... sur un article d’Éric Maurin

Le Forum Social du dernier numéro de la revue est une bonne occasion de débat. Le propos d’Éric Maurin, qui titre “S’attaquer aux causes profondes de la ségrégation sociale” , permet des ouvertures sur la question scolaire. Le souci de la scolarité obligatoire qu’il y manifeste souligne le problème : pour résoudre les difficultés sociétales dont se régalent les médias et dont on ne peut que s’attrister, il faudra en passer par une remise à plat du système éducatif.

Ce qui suit s’appuie sur une expérience consistante dudit système:(........ici, indications de parcours visant à donner du poids à la thèse défendue - Je passe .....)

Éric Maurin, dans son esquisse, dont j’approuve les motivations, ne s’extrait pas d’une logique qui va rendre fragile sa démarche. De son constat d’inadaptation des programmes, de sa déploration des redoublements, etc., il induit la nécessité de définir (programmes moins lourds, plus concrets) une réponse à l’hétérogénéité qui sera lue comme un nivellement par le bas. Or, s’il est bien indispensable de définir, “par le bas”, un socle commun de socialisation qui permette à tous, sauf exception pathologique, de s’insérer socialement au terme d’une scolarité réussie - qu’on pourra affirmée réussie à l’aune dudit socle -, il faut absolument préserver la possibilité de voir entièrement se déployer par ailleurs les aptitudes hétérogènes, et justement sans confinement de “socle”.

Je voudrais proposer un schéma. Il y manquera les développements et je ne peux être exhaustif. Mais je suis persuadé que c’est dans cette seule direction que réside une rédemption possible de l’École et donc ... un ressaisissement du social..

Base du dispositif, la scolarité obligatoire doit s’unifier au sein d’un seul type - global - d’établissement , nommons le “Écollège” : une entité regroupant sous l’autorité d’une seule équipe de direction (un principal, et dans chaque “antenne” un adjoint) un collège actuel et les écoles (maternelles, élémentaires) associées. Unité du corps enseignant aussi: un seul CAPESO (Certificat d’Aptitude Professionnelle à l’Enseignement de la Scolarité Obligatoire), diplôme permettant par le biais d’une option complémentaire de spécialisation d’enseigner sous un même statut à tous les niveaux de l’Écollège.

Un même principe de dualité “Socle commun - Parcours personnel” , avec des équilibrages évolutifs au long du cursus, doit être mis en place tant sur le trajet “obligatoire” que pour le trajet “lycée”.

* la vocation du socle commun (le HCE, Haut Conseil de l’Éducation, où siège Michel Pébereau (X promotion 61), y travaille et on attend sous peu ses conclusions ...) est de fournir les outils d’une intégration sociale efficace en termes de communication écrite et orale, de compréhension-décryptage du médiatique, de positionnement au sein de la marche historique, culturelle, scientifique et technologique de l’espèce, de prise en compte (et de respect) des valeurs dominantes de la société où l’on s’installe - et ce dans l’ouverture sur (et la tolérance à) d’autres systèmes -, d’aptitude à assumer sa position de citoyen.... Ces principes et les contenus qu’ils supposent sont enseignés à tous, par classe d’âge, dans un effort pédagogique qui accepte et valorise l’hétérogénéité et la mixité sociale.

* le socle commun, c’est l’expression du “pour tous”. Reste le problème du “pour chacun”.... L’ensemble des connaissances et des compétences de niveau “pré-ens-sup” doit être, par secteur ou spécialité, atomisé et reconstruit en Unités de Valeur (U.V.) modulaires dont le contenu soit assimilable - tous acquis préalables supposés en place - en au plus vingt-cinq ou trente heures. Se constitue ainsi une grille d’U.V. dans laquelle peuvent se bâtir des parcours de formation totalement individualisés. L’élève circule à son choix dans cette grille par acquisition validée d’U.V. cumulées, tout au long de sa scolarité, sans critère d’âge, à sa “vitesse propre”. À la sortie, sa “personnalité scolaire” est définie par son cumul d’U.V. Le post-scolaire (vie active ou prolongements d’étude) pratique la sélection sur la base des profils individualisés acquis et ses critères, explicités et connus, sont, par rétroaction, constitutifs de l’auto-orientation dans ses efforts de l’élève.

Les Écollèges et les Lycées sont des E.P.L.E. (Établissements Publics Locaux d’Enseignement) . Ils bénéficient d’une très large autonomie d’organisation dans la gestion des moyens affectés, du temps, de la répartition des services des personnels, dans la définition et la mise en place des activités d’enseignement, de soutien aux élèves, de dialogue avec les - et d’aide aux - familles, d’ouverture sur l’environnement social, économique, culturel ... Les équipes éducatives sont stables . Les chefs d’établissement sont des membres de l’équipe éducative élus en interne sur des projets-programmes à trois ou cinq ans, durée de leur mandat.

L’encadrement du système éducatif (recteurs, directeurs des services départementaux, corps d’inspection) doit être entièrement repensé et réorienté vers des responsabilités de coordination - régulation - suivi - impulsion des projets des équipes éducatives pour les inscrire dans une cohérence forte avec les objectifs nationaux, tout en facilitant la diversification des approches et des méthodes.

La formation des enseignants est entièrement revue dans la perspective des évolutions de leurs missions telles qu’implicites dans le schéma indiqué. Il faut évidemment, là, beaucoup préciser....

Je suis persuadé que c’est ainsi, via un socle commun “socialisant”, obligatoire mais accessible pour tous, coïncidant avec des parcours optionnels par unités de valeur totalement “individualisants”, qu’on pourra “récupérer” la motivation et l’estime de soi qui, par leur absence, minent actuellement le fonctionnement de la formation et, par l’échec tôt annoncé de celle-ci, créent, je rejoins là Éric Maurin, de la ségrégation sociale.

Il serait grand temps d’y bien réfléchir ............

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