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AutreMonde
26 janvier 2006

Finkielkraut-Leçon n°2 - Notes (II)

TOUJOURS SUR : “Nous autres, modernes”.

J’avais la dernière fois [dans Notes (I) ] évoqué la présence d’une trentaine de références “cultureuses” dans mon résumé de la deuxième leçon du bouquin de Finkielkraut et ... partant chronologiquement de Didon, j’en étais arrivé à Montaigne.

On continue ............

PRÉALABLE: Je dois reconnaître, pour expliquer l’ampleur de certaines notes que, parti dans la simple idée de “référencer” succinctement les références de Finkielkraut, le fil en aiguille du replâtrage et de la restauration de mes souvenirs m’a fait prendre beaucoup de plaisir à quelques “re-visites” et que je me suis parfois un peu (trop?) attardé.

CERVANTÈS: Énoncer plus longuement, me dit-on, “Miguel de Cervantès y Saavedra ”! Né en 1547, mort en 1616, et père, pour toujours, de Don Quichotte. Il perdit un bras à la bataille de Lépante (Naupacte, en Grèce, à l’entrée du golfe de Corinthe), le 7 octobre 1571, au milieu de 30 000 morts. Il avait 24 ans.

La ville, fortifiée par les Vénitiens (1499 - 1677), était l’objet de la convoitise turque. La flotte chrétienne de la Sainte Ligue (Espagne, Venise, Saint-Siège), forte de 240 galères et de 120 000 hommes sous le commandement de don Juan d’Autriche, prince espagnol, fils naturel de Charles Quint, y mit en déroute la flotte de Sélim II, faisant cesser la légende de l’invincibilité ottomane et provoquant une explosion de joie (par ailleurs sans suite notable) dans toute la chrétienté. Et Cervantès, donc, y était. Fait prisonnier par les turcs, il passe cinq ans au bagne d’Alger puis, de retour au pays, grandi dans sa gloire militaire (?) et diminué dans sa personne (on ne saurait tout avoir!), il se marie, trouve un emploi de fonctionnaire et ... retourne en prison pour avoir trempé dans d’obscures affaires.

Il publie, tard : El Ingenioso Hidalgo don Quijote de la Mancha , son chef d’œuvre au sein d’une production littéraire très diversifiée qui s’ouvre sur un roman pastoral (La Galatée - 1585) et se clôt, à sa mort, la même année que Shakespeare, avec le manuscrit d’un roman de chevalerie (Travaux de Persilès et Sigismonde ), genre qu’il s’était pourtant attaché à ridiculiser à travers le Quichotte!

GALILÉE. 1564 - 1642. Il se nomme en fait Galileo Galilei, fils de Vicenzo Galilei, musicien. Observant, à dix-neuf ans, le balancement d’un lustre dans la cathédrale de Pise, il en aurait conçu les lois du mouvement pendulaire (?). Il s’oppose aux erreurs d’Aristote et se distingue par divers exploits scientifiques: étude de la cycloïde (une courbe mathématique assez complexe mais simple à concevoir : vous attachez une craie à la jante de la roue d’une bicyclette et vous poussez le vélo en vous arrangeant pour que la craie frotte sur un tableau noir. La trace qu’elle laisse, pour l’enchantement des classes studieuses réunies dans une vaste salle équipée du tableau adéquat, la trace donc est une cycloïde); chute des corps, principe d’inertie, etc. Mais surtout, définitivement, pour la postérité, après quelques hésitations sur commande (abjuration de 1633, très “conseillée” par le tribunal de l’Inquisition), c’est lui qui, d’une certaine façon, fera tourner la Terre autour du Soleil!

SHAKESPEARE. 1564 - 1616. Il naît la même année que Galilée et Cervantès est son aîné de dix-sept ans. Las, il passe sa vie entre Londres et Stratford-upon-Avon, climat délétère : il meurt à 52 ans, en même temps que l’Hidalgo, alors dans sa soixante-dixième année, tandis que Galilée, au chaud soleil italien, va bénéficier d’un sursis de 26 ans (ou bien la science, surtout doublée d’abjuration, conserve!).

Sinon? Il épousa à dix-huit ans Anne Hataway, de huit ans son aînée, en eut trois enfants, s’en fatigua et la laissa à Stratford pour filer vers la capitale et la gloire. Pour le reste, il est peut-être trop grand pour être résumé!

On l’a parfois pris pour un autre (To be or not to be ... Shakespeare, en quelque sorte!) en faisant de lui, dans ses débuts, un pseudonyme ou le prête-nom de littérateurs contemporains plus illustres. En fait il semble acquis qu’il ait été et soit resté lui-même, seul auteur de son immense théâtre.

Il y a trente-sept pièces répertoriées, dont seulement seize publiées de son vivant. Les plus connues ? Richard III, La mégère apprivoisée, Roméo et Juliette, Le songe d’une nuit d’été, Le marchand de Venise, Beaucoup de bruit pour rien, Henri V, Jules César, Les joyeuses commères de Windsor, Comme il vous plaira, Hamlet, Othello, Macbeth, Le roi Lear, Mesure pour mesure, La tempête, Troïlus et Cressida, Antoine et Cléopâtre.....

On lui a reproché des erreurs fréquentes (historiques et géographiques), des anachronismes, des fautes de goût.... Vétilles dans un théâtre qui réinvente l’univers et réinterprète l’humain .

DESCARTES : René . 1596 - 1650. Tourangeot de naissance, il a fait ses études de 1606 à 1614 au collège des jésuites de La Flèche, où il se lie avec celui qui deviendra l’abbé Marin Mersenne, tiendra à Paris un important salon scientifique et saura utiliser l’écho pour mesurer la vitesse du son.

Henri IV, pendant ce temps, qui avait précédemment réchappé d’une petite vingtaine de tentatives d’assassinat, meurt le 14 mai 1610 sous les coups de François Ravaillac. Ravaillac sera écartelé en place de Grève (aujourd’hui place de l’Hôtel de Ville). René a 14 ans et Louis XIII, fils du roi, n’en a que 9. Ce sera la régence de Marie de Médicis, sa mère, proclamée par le Parlement le soir même, en attendant les treize ans et la majorité du jeune roi.

La régence tâtonne, la reine est sous l’influence des Concini jusqu’à l’assassinat de celui-ci en 1617. Bachelier, licencié en droit en 1616, Descartes part suivre une instruction militaire en Hollande. La guerre de Trente ans (antagonisme entre les princes protestants allemands et l’autorité catholique du Saint Empire romain germanique des Habsbourg qui va déchirer l’Allemagne de 1618 à 1648) commence. René s’engagera quelque temps dans les troupes du duc Maximilien de Bavière, du côté de la Sainte Ligue Catholique. Il voyage en Europe, repasse pour trois années de vie mondaine à Paris (1625-1628; il en profite aussi pour y rédiger des Règles pour la direction de l’esprit ) avant de repartir s’installer en Hollande.

En France, la période Richelieu s’est ouverte. Pendant le séjour de Descartes à Paris, le cardinal prend La Rochelle. Après avoir défait Buckingham, venu prêter main forte aux Rochelais, il a fait construire en mer, devant la ville, une digue de vingt mètres de haut qui bloque le port, empêchant l’arrivée d’autres secours anglais, et qui a nécessité l’effort de 4000 ouvriers; il tient siège côté terre. La ville, protestante et qui voulait voir maintenus voire étendus les privilèges accordés en 1598 par l’Edit de Nantes, se rendra le 28 octobre 1628. Son maire, Jean Guiton, sieur de Repose-Pucelle (tout un programme!) en remettra les clés au roi, présent aux côtés de Richelieu.

Galilée abjure en 1633, Descartes hésite mais prépare pour 1637 la publication du Discours de la Méthode et de trois essais qui en sont l’application (Dioptrique, Météores et Géométrie ), réfléchit à ses Méditations métaphysiques de 1641, à ses Principes de Philosophie de 1643, à ses Passions de l’âme de 1649. Il est rarement en France où il passe (et rencontre Blaise Pascal) en 1647. Il finira par rejoindre la Suède (fin 1649) à la demande de la reine Christine, pour y prendre froid et mourir au début de 1650. Sale climat!

Sur ces années, Richelieu a engagé le pays dans les conflits allemands, prenant parti contre les Habsbourg. Il a déclaré la guerre à l’Espagne en 1635 avant de se voir rendre la pareille par l’empereur germanique...Tout cela coûte cher, il y a des jacqueries, des revers. Le cardinal meurt en 1642. Louis XIII le suit le 14 mai 1643. Mais le 19, le Grand Condé, alors duc d’Enghien, fils de Charlotte de Montmorency, dernier amour d’Henri IV, dans le précoce génie militaire de ses 21 ans, écrase les Espagnols à Rocroi. Bossuet, le 10 Mars 1687, glorifiera le caractère épique de cette victoire en prononçant l’oraison funèbre du Prince, à Notre-Dame de Paris. La guerre continue mais va vers sa fin. Ce sera, en 1648 le traité de Westphalie avec l’Allemagne, que suivra en 1659 celui des Pyrénées, avec l’Espagne.

Descartes s’éteint, on l’a dit en 1650 ... mais, de loin et plus encore, dans les derniers mois, depuis cette Suède au froid pour lui littéralement mortel, il aura respiré, pensé, médité tandis que se déployait la Fronde qui, sur quatre ans, de 1648 à 1652, allait mettre à feu et à sang la France, contre Mazarin. L’Histoire, à laquelle au fond il ne s’était guère intéressé, avançait sans lui....

SWIFT : Jonathan. Il était irlandais et le resta, de sa naissance en 1667 à sa mort en 1745, sans quitter Dublin. Il était romancier, pamphlétaire et poète, le tout en langue anglaise. Enfin, il était sourd. Et le monde entier le connaît comme le père de Gulliver et de ses voyages.... Il usa sur un ton docte et sérieux d’une logique ironique, implacable et désespérée qui par là, a-t-on dit, annonçait le tragique de l’attitude nietzschéenne. Ses titres sont un régal : Proposition pour l’usage universel des produits d’Irlande (où il suggère de “brûler tout ce qui vient d’Angleterre, sauf le charbon” ) / Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public (où il affirmait que ce serait un plus grand bonheur pour ces malheureux d’être vendus et mangés à l’âge d’un an que de vivre ce qui les attendait) / Instructions aux domestiques (du même tonneau) / Méditation sur un manche à balai .... Il avait composé des Vers sur la mort du doyen Swift, écrits par lui-même. Soyons lui reconnaissants de tout cela.

VICO : Napolitain de 1688 à 1744, Giambattista Vico est historien, juriste et philosophe. Il a beaucoup influencé Jules Michelet (1798 - 1874) qui a traduit son ouvrage Principii di una scienza nuova ... (déjà signalé dans les notes de la leçon n°1).
Vico critique le rationalisme cartésien et développe une conception cyclique de l’Histoire où les nations passeraient toutes par trois phases successives : âge des dieux, puis des héros, puis des hommes. Les sociétés humaines progressent à travers ces phases de la barbarie à la civilisation avant de retourner à la barbarie....

BURKE : Edmund Burke, né en 1729, est un avocat irlandais. Il meurt en 1797. Il montre dès 1756 de l’aversion pour l’Esprit des Lumières. Entré en politique en 1758 (un des principaux chefs des Whigs (Libéraux)) il en sort en 1791. Il est favorable à l’Amérique anglaise, à la liberté du commerce et à la tolérance religieuse. Hostile aux idées “théoriques et intemporelles” sur lesquelles se fondent la Révolution française (dont il prédit la dérive dictatoriale) et son effort législatif, il affirme que des réformes doivent toujours être particulières à leur contexte spatio-temporel.

BAUDELAIRE : Charles; 1821 - 1867. Il naît l’année où l’empereur s’éteint à Sainte-Hélène. Louis XVIII est encore sur le trône, qu’il occupe depuis 1814, à l’interruption près des Cent jours, et mourra dans trois ans, pour céder la place à Charles X. Baudelaire a 9 ans pour la révolution de juillet 1830 et Louis-Philippe, qui succède à Charles X, sera son roi jusqu’à l’année de ses 27 ans : le régime tombe en janvier 1848. Il vivra dès lors brièvement citoyen de la république, la deuxième, puis, après le coup d’état du 2 décembre 1852, il sera jusqu’à sa mort sujet impérial (mais le second empire ne lui survivra que trois ans, jusqu’à la défaite de Sedan du 2 septembre 1870. La troisième république est proclamée le 4).
Tout à fait entre nous, je doute que ces palinodies politiques aient beaucoup passionné le poète. Il est rongé par le spleen dans le sentiment d’une destinée éternellement solitaire, il se donne à un dandysme sulfureux, et s’enivre de quelques femmes, avec sensualité (Jeanne Duval, sa “Vénus noire”) ou mysticisme (Marie Daubrun ou Mme Sabatier). Il finit, miné par la maladie, les angoisses et les soucis matériels, par s’exiler en Belgique en 1864 où les troubles nerveux puis l’aphasie et la paralysie le rattrapent et où il meurt à 46 ans.

Entre temps, il a été un magicien du langage, il a fait preuve en véritable esthète d’une curiosité et d’une compréhension profondes du génie artistique (Delacroix (1798-1863); Richard Wagner (1813-1883); Thomas de Quincey (1785-1859), auteur des Confessions d’un opiomane anglais qui lui inspireront ses Paradis artificiels, Quincey qui écrira De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts ), il a découvert et traduit Edgar Allan Poë (1809-1849)... et il a écrit Les fleurs du mal (1857) que la justice impériale condamnera au terme d’un procès célèbre. Il avait “l’instinct du beau”.

MALLARMÉ : Il se prénommait Étienne et fut dit Stéphane; 1842 - 1898. La vie, en le faisant mourir à 56 ans, lui accorda malgré tout dix ans qu’elle avait refusés à Baudelaire, mort à 46. On le revoit dans un tableau (peint en 1876) d’Edouard Manet (1832-1883), il y a 34 ans, assis, accoudé, de guingois, un gros cigare à la main droite, posée sur un cahier ou un livre ouvert, la gauche glissée dans la poche de sa veste sombre, pouce dehors, le regard un peu fixe au dessus d’une énorme moustache d’un blond-roux plus clair que ses cheveux. À quoi songe-t-il? Songe-t-il? Le tableau est au Louvre et Mallarmé à Samoreau, Seine et Marne, dans son tombeau, lui qui en éleva d’énigmatiques à Poë (Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change....), à Baudelaire , lui qui fait le régal des pédants pour leur permettre de citer un hapax (terme ou forme dont on ne peut relever qu’un seul exemple), sa nécessaire rime à “Styx”, son “ptyx” dans : Sur les crédences , au salon vide, nul ptyx / Aboli bibelot d’inanité sonore/ Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx / Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.

En poste à Janson-de-Sailly, il fut un fort piètre professeur d’anglais. Son proviseur notait : “En dépit des observations de l’inspection générale, ne fait aucun effort pour s’améliorer en anglais. Je doute même qu’il sache le français ”. Jean Ajalbert, un de ses anciens élèves du Lycée Fontanes (aujourd’hui: Condorcet), où il avait précédemment exercé, se souvient de lui dans ses mémoires : “... le plus effacé des maîtres (...) il écrivait au tableau quelques vers à traduire et à apprendre, puis s’installait à sa chaire, derrière un barrage de livres et de papiers, où il travaillait pour lui ..”. Mallarmé, ombre immense sur la poésie française et soudain, petit homme dérisoire. On pourrait y réfléchir plus avant .......

Les dernières années de Mallarmé sont contemporaines de l’affaire Dreyfus. Il se tiendra semble-t-il plutôt en retrait, sans avoir le goût de prendre parti, malgré les violents remous de la société française qui n’épargneront pas son cercle de relations, adoptant peut-être la réserve distante de son ami Auguste Renoir (1841 - 1919) disant (rapporté par son fils, Jean): "Toujours les mêmes camps, avec des noms suivant les périodes ...Protestants contre Catholiques, Républicains contre Monarchistes, Communards contre Versaillais. La querelle se réveille, maintenant il faut être Dreyfusard ou Antidreyfusard. Moi, je voudrais bien essayer d’être tout simplement français”. Détestable neutralité quand on y songe, et au fond paradoxalement partisane, alors qu’il il s’agit de justice et d’honnêteté.

Le “J’accuse ” de Zola est de janvier 1998 et l’écrivain doit s’exiler à Londres. Les intellectuels pétitionnent, pas Mallarmé. Du symbolisme, dont on le dit le Prince, à l’Hermétisme, la recherche de la beauté et du livre “total” est-elle une fuite du Monde ? Il passe les vacances de l’été 98 dans la tranquillité de sa maison de Valvins, près d’Avon (Fontainebleau) . Et puis il meurt début septembre, de façon brutale, crise aigüe, infection du larynx ...

FREUD : Sigmund . Autrichien, né en Moravie et en 1856, il s’éteindra à Londres en 1939, Londres où il a dû se réfugier l’année précédente, fuyant Vienne, sous la double instance de ses origines juives et de la condamnation de ses théories par le nazisme. Il est passé par Paris (où il suivit les leçons de Charcot qui menait des recherches sur l’hystérie et l’hypnose) en 1885 / 1886. On trouve, au mur d’un immmeuble du quartier latin, rue Le Goff, une plaque indiquant qu’il a résidé quelques temps là, à deux pas de la Sorbonne, du Panthéon et du Jardin du Luxembourg.

On lui doit le complexe d’Œdipe et de multiples névroses.
Depuis Freud, la bourgeoisie aisée étend ses angoisses narcissiques sur des divans et y psalmodie, à côté d’auditeurs muets et indifférents qu’elle croit concentrés et compréhensifs, son inaptitude à régler toute seule les problèmes inexistants que la mode psychanalitique lui a créés. L’effort de réflexion et de recherche probablement sincère de Freud a ouvert la voie au triomphe de la ratiocination auto-exploratoire déplorante et à l’enrichissement d’un nombre considérable de charlatans.

Je dois reconnaître que cette notice freudienne est , dans ses jugements, partiale et mal intentionnée. On pourra utilement et contradictoirement se reporter à d’autres sources .........

HUSSERL : Edmund . 1859 - 1938. Les dates sont quasi superposables à celles de Freud. Pas les préoccupations! Husserl est allemand et commence par étudier les mathématiques. Il est aussi d’ascendance juive ce qui lui vaudra de prévisibles ennuis avec le nazisme. Il veut se dégager des faits psychiques empiriques et épuiser le domaine de la logique pure (mathesis universalis) et des systèmes déductifs formels. Il installera pour cela la méthode phénoménologique, descriptive et non explicative. Chez lui, parvenant néanmoins à éviter le solipsisme (le monde comme “ma” création) en faisant de l’intersubjectivité avec autrui le fondement de l’objectivité dudit monde, le moi pur, l’ego transcendantal, est puissance constituante de l’objet.

VALERY : Paul. Né à Sète (34) en 1871 - Mort en 1946 à Paris. Sans doute le plus illustre des sétois, malgré Georges Brassens, enfant lui aussi du pays et qui, dans sa “Supplique pour être enterré sur une plage de Sète” chantera (amoureux des locutions vieillies il a prévenu: Révérence parler envers Paul Valery ...): ”... / Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens / Mon cimetière soit plus marin que le sien /..”. Joli.

Il poursuit médiocrement à Paris ses études secondaires (“par horreur des choses prescrites ”), commence son droit, s’intéresse aux mathématiques, à la musique et compose des poèmes. Il a dix-neuf ans et fréquente Pierre Louÿs, Mallarmé (qu’il admirait et à qui il avait écrit) et Gide. Deux ans après, il connaît une violente crise intellectuelle (on est en 1892) et veut renoncer à tout (et à la recherche du plaisir que prônaient Gide et Louÿs) pour aller vers l’air raréfié du raisonnement abstrait.

Valéry a poursuivi toute sa vie une réflexion intense sur l’activité intellectuelle et d’abord sur la sienne. Il a cru, avec et après Mallarmé, que seul le texte poétique, par la dialectique du son et du sens, avec pour seule visée son existence “esthétique”, peut assurer la survie du langage, partout ailleurs transitoire. Il s’est intéressé à tout , sans pour autant s’impliquer dans l’Histoire, dissuadé sans doute par le "fond de désordre, de violence et de bêtise " qui pouvait s’y lire à travers les guerres. Et ses deux cent cinquante-sept Cahiers sont un immense massif sans cesse à ré-explorer.

Flaubert (1821 - 1880) dirait dans une réédition supposée du Dictionnaire des idées reçues : “Citer La jeune Parque et Monsieur Teste et rappeler que, donnant à publier en 1942 Mauvaises pensées et autres , il aurait provoqué cette question de la part des autorités d’occupation: ... Mais pourquoi n’a-t-il pas écrit les Bonnes ?"
Il a honoré de sa présence l’Académie Française. Élection difficile toutefois, en 1925, au quatrième tour.

RUSSELL : Bertrand. 1872-1970. Anglais, mathématicien et philosophe, il recevra en 1950 le prix Nobel de ... littérature. Il s’est énormément intéressé au problème des fondements logiques . Très impliqué dans les évolutions politiques de son temps, son pacifisme lui a valu la perte de son poste de professeur à Cambridge et la prison lors de la première guerre mondiale. Il crée en 1961 un tribunal révolutionnaire (Tribunal Russel ) pour juger les activités de guerre des USA au Viêt-nam. Ses Principia Mathematica, rédigés en 1910-1913 en collaboration avec Whitehead, ont pesé sur tout le développement ultérieur de la logique mathématique. Touchant outre la logique à la linguistique et à la psychologie, menant des travaux de recherche sur les théories de Planck (quanta) et d’Einstein (relativité), il a réellement dominé la philosophie anglaise de son temps.

HEIDEGGER : Martin. 1889 - 1976. Heidegger sent le soufre: c’est le controversé du moment! Ses sympathies ou compromissions ou engagements nazis soudain très soulignés l’ont récemment mis à l’index. Il est politiquement correct et même recommandé de l’attaquer. Sinon:

C’est un disciple de Husserl . Sa culture s’enracine dans l’antiquité grecque des présocratiques (Parménide (~544/~450: le fondateur de l’École d’Élée, le maître de Zénon, le père de l’ontologie) , Anaximandre (~610/~546: les bases de la cosmologie grecque, l’obliquité de l’écliptique (plan incliné par référence à l’équateur et contenant la trajectoire du soleil parmi les étoiles fixes)), Anaximène (~550/~480: disciple d’Anaximandre; sa cosmogonie fait de l’air le principe de l’univers, d’où tout découle).
Heidegger s’attache à l’ontologie fondamentale, au problème de l’être qu’il pose en termes de phénoménologie de l’existence humaine, de l’être-là (le Dasein ). Le langage sera au centre de ses préoccupations, la parole, éventuellement libérée des liens de la grammaire , rendue à la poésie, peut nous donner accès à l’essence de l’être.
Probablement, malgré les polémiques, un des grands penseurs du XX° siècle.

PONGE : Francis. Né à Montpellier en 1899. Mort en 1988. Poète de la description minutieuse d’objets (le coquillage, la bougie, l’orange... . On le dira “Le Buffon (1707-1788) du relativement petit” ) pour leur restituer leur dignité originelle et ouvrir des réflexions sur le langage. Sartre (1905-1980) le tenait pour le poète de l’existentialisme (courant philosophique auquel on peut rattacher Heidegger et dont ledit Sartre Jean-Paul était un des [avec Merleau-Ponty (1908-1961)] sinon le pape: affirmation que l’existence précède l’essence / affirmation de la singularité du sujet agissant / la vie humaine comme projet et liberté (et du coup: angoisse et responsabilité) / l’homme créateur de valeurs dans un monde absurde sans transcendance )

ARENDT : Hannah. 1906-1975. Déjà racontée (?) dans les notes de la leçon n°1... J’y disais : “Élève (et, à une période, maîtresse) de Heidegger. Exil au USA comme conséquence des persécutions nazies”. Elle est une référence régulière de Finkielkraut. Il adhère totalement à sa volonté de sauver les héritages culturels.

BONNEFOY : Yves. Né en 1923. C’est un poète d’accés difficile qui développe une réflexion métaphysique sur les thèmes de l’inertie de la matière et des pouvoirs du langage. Il confie au verbe son espoir d’un retour à l’innocence d’un monde recréé par la poésie. Influence de la philosophie allemande (Heidegger) et angoisse de la nature...

KUNDERA : Milan. Né en 1929. Romancier tchèque, naturalisé français depuis 1981. On lui doit l’inoubliable charme de “L’Insoutenable légèreté de l’être”. Il écrit en langue française depuis 1986.

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Commentaires
C
Cervantès en français<br /> site convenable:www.publius-historicus.com/cervants.htm
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C
Miguel de Cervantes Saavedra <br /> on me dit :"la main gauche"
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AutreMonde
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