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AutreMonde
12 janvier 2006

Finkielkraut. Notes(I)/Leçon 2. "Nous autres Modernes"

Une trentaine de références dans le résumé (produit précédemment) de la deuxième leçon (davantage dans le texte original!). De Didon, popularisée (?) par Virgile au premier siècle avant J.C. mais dont les légendes remontent au IX°, à Milan Kundera, né en 1929 et toujours sauf erreur bon pied, bon œil!

Les notices sont fournies par ordre chronologique.

Un premier lot : Des anciens à Montaigne ...

DIDON : Les malheurs de Didon, qui ont fait pleurer Saint-Augustin, correspondent à des légendes à peu près contemporaines d’Homère (vers le ~IX° siècle). Virgile (~70 - ~19) , qui reprend le personnage et complète remodèle son histoire dans l’Énéide , le rejette trois siècles en arrière au temps de la Guerre de Troie (vers ~1200).
Didon est fille du roi de Tyr, en Phénicie (en gros, au Liban). Mort du père, conflit avec le frère, elle fuit vers l’Afrique, accompagnée de nobles, partisans de sa cause. Après une escale à Chypre où ses compagnons enlèvent quatre-vingts jeunes filles (il faut bien vivre!), elle débarque dans l’actuel golfe de Tunis. Didon sollicite auprès des indigènes une terre et ceux-ci, bons princes, lui accordent “ autant qu’elle pourra en faire tenir dans une peau de bœuf”. Fine guêpe, Didon fait découper en très minces lanières la peau de l’animal et optimise le don en constituant sa frontière à l’aide du lacet ainsi fabriqué.

Digression: quel est le niveau de pertinence d’une telle démarche?
Si on assimile généreusement la dépouille bovine à un carré de 3m de côté (c’était un grand bœuf, tant qu’à faire!), découpé en lanières d’épaisseur 0,5 cm, on obtient un lacet de 1800 mètres de long.
Le disque est la forme géométrique qui optimise en surface une frontière de longueur donnée. On suppose donc que Didon délimite un disque de périmètre 1800m.
Par la formule du périmètre du disque (L=2xπxR), ce disque aura un rayon (arrondi) de 286m. Par la formule de l’aire du disque (S=πxRxR), il a une surface (arrondie) de 257 000 mètres carrés soit 25,7 hectares. Il n’est donc pas irréaliste de déduire de ce calcul grossier que Didon a pu disposer ainsi astucieusement d’un domaine d’une bonne vingtaine d’hectares.

Sur le domaine concédé, Didon va fonder Carthage et en devenir reine. Mais, courtisée par un potentat local auquel elle se refuse, menacée de voir sa ville assiégée ou, chez Virgile, dépitée dans son amour pour le troyen Énée, poussé par une tempête sur ses côtes et qui l’avait séduite avant de repartir fonder, lui, Rome, Didon fait élever un grand bûcher et se donne elle-même la mort au milieu des flammes.

Ici coulent les larmes de Saint-Augustin...

L’ILIADE : On va supposer (le public du cours de Finkielkraut a fait par définition de bonnes études secondaires) que l’épopée homérique est connue. L’Iliade (la colère d’Achille à qui Agamemnon, le roi des rois, a piqué la belle captive Briséis et ses conséquences sur le siège de Troie) et l’Odyssée (l’errance et le retour d’Ulysse à Ithaque) sont les premiers monuments de la littérature grecque. Homère, aède aveugle né au ~IX° siècle, est l’auteur mythique de cette œuvre fondatrice , dont Platon dira “..qu’elle a fait l’éducation de la Grèce ” (et par là, la nôtre aussi), néanmoins stratification plus probable de récits successifs articulés sur un noyau dur primitif très ancien.

SOCRATE : LA figure du philosophe. Au point qu’on distingue comme bloc constitué les philosophes “présocratiques”, soulignant par là qu’après lui, rien ne put plus se penser comme avant.... Il n’a laissé aucune trace directe de son “enseignement”. Ce sont essentiellement Xénophon et surtout Platon (dans ses dialogues), ses élèves, qui par leurs écrits l’ont “construit”. Athénien : ~470 - ~399. Sa mère est sage-femme. Il dira avoir hérité d’elle l’art d’accoucher (maïeutique) non plus les corps mais les esprits. Il sera condamné à boire la cigüe pour impiété et son admirable fin, dans l’échange philosophique avec certains de ses disciples et la soumission à un jugement qu’il sait inique mais qu’il ne veut pas contester par légalisme, reste un exemple indépassable de courage et de grandeur civiques. L’anecdote voit en lui le mari de Xanthippe, instituée archétype de la femme acariâtre, et le maître d’Alcibiade, le bel Alcibiade, quand il était, lui, Socrate, d’une proverbiale laideur, Alicibiade brillant et ambitieux, dont il sauve la vie à la bataille de Potidée, en ~432, au départ de la guerre du Péloponnèse, Alcibiade qui sera général et fera une carrière politique pleine de bruit, de manœuvres, de réussites, d’échecs et de scandales.

ARISTOTE : “Le stagirite”, ainsi désigné parce que natif de Stagire en Macédoine (côte nord de la mer Égée) en ~384. Élève de Platon, il sera le précepteur et l’ami d’Alexandre le Grand jusqu’à l’exécution par ce dernier de Callisthène (neveu d’Aristote, celui-ci accompagnait Alexandre en Asie comme historiographe mais, crime impardonnable, se permit de railler ses prétentions à la divinité). Il fonda à Athènes le Lycée, où il enseigna une douzaine d’années. La tradition veut qu’il ait donné ses leçons “en se promenant”, d’où la caractérisation du Lycée comme école “péripatéticienne” et extensivement la désignation des disciples d’Aristote comme “péripatéticiens”. Esprit encyclopédique, il exercera à travers ses écrits une influence immense sur la formation de la pensée arabo-islamique (commentaires d’Averroés (1126 - 1198)), le développement de la scolastique (en gros, la philosophie chrétienne médiévale du IX° au XIV° siècle: rumination sans renouvellement des textes anciens) et du thomisme (philosophie de Saint Thomas d’Aquin (1225 - 1274) visant l’accord de la foi et de la raison, des dogmes du christianisme et de la pensée d’Aristote) et, par là, sur toute la pensée occidentale. On l’a dit “Prince des philosophes”.... et le peu que j’en ai lu m’a profondément ennuyé.

CICÉRON: Marcus Tullius Cicero: ~106 - ~43. D’abord avocat, il est élu questeur (gestion-contrôle financier) en Sicile (~75) où il dénonce les exactions de l’ancien gouverneur, Verrès. Plus tard (~63) consul, il fait échouer la conjuration de Catilina (tentative d’assassinat contre les deux consuls désignés pour ~65) et, Catilina s’étant enfui, il fait exécuter les complices. Éxilé en Grèce (~58) sur ordre du premier triumvirat (Pompée-César-Crassus), il reviendra avec le pardon de César. Après le meutre de ce dernier (~44), il dénonce les manœuvres politiques de son lieutenant Marc-Antoine et sera finalement assassiné sur ordre de celui-ci.
Grand écrivain et orateur de génie (sa théorie de l’éloquence a servi de modèle à toute la réthorique latine), il aura été un piètre politique, oscillant, avec des ambitions personnelles néanmoins mises au service d’un souci constant de l’intérêt de l’état. Dans ses écrits philosophiques, il essaie de concilier le stoïcisme et l’épicurisme pour dégager une morale pratique en harmonie avec les exigences de la cité.

PTOLÉMÉE : Claude. Né vers 90 et mort vers 168. Grec. Travaux d’astronomie à Alexandrie. Son grand œuvre reste l’Almageste (à la lettre : “Le plus grand des livres”), exposé complet d’un système géocentrique du monde qui va porter son nom. Il y reprend et résume toutes les connaissances acquises (Aristarque de Samos, ~III° siècle (il en néglige certaines vues - voir ci dessous (Copernic)); Hipparque de Rhodes (~II° siècle; sans doute le plus grand astronome de l’antiquité, à peine retouché par Ptolémée) qui introduisit en Grèce la division du cercle en degrés, minutes, secondes) pour les prolonger, compléter, modifier en un tout cohérent. La Terre est immobile. La sphère des étoiles (la sphère “des fixes”) fait un tour en 24 heures autour d’un axe passant par le centre de la Terre. La lune, le Soleil, les planètes se déplacent autour de la Terre. Leurs trajectoires sont des (ou résultent de) mouvements circulaires uniformes, seuls mouvements célestes admis dans l’Antiquité, d’où, pour expliquer des phénomènes qui sont en fait d’un autre ordre, des “équipages” de cercles extrêmement compliqués mais dont l’habileté constructive permet , malgré de faux principes, de rendre compte très correctement des phénomènes observés!

SAINT AUGUSTIN : 354 - 430. Évèque d’Hippone (Numidie, plus ou moins le nord de l’Algérie actuelle) venu au christianisme par conversion à travers la découverte du néo-platonisme (Plotin (né vers 205 - mort en 270) et alii - le néo-platonisme reprend, teinte et augmente de mysticisme la pensée platonicienne). L’augustinisme est une doctrine complexe qui veut accorder foi et raison : “Croire et comprendre ce qu’on croit ”. C’est une méditation sur Dieu par un acte intérieur qu’on a parfois rapproché du cogito cartésien. La doctrine d’Augustin s’est affirmée et affermie contre les hérésies: Donatisme (schisme d’influence locale en Numidie, en appui sur la population berbère), Pélagianisme ( affirmation de l’excellence de la création et du libre arbitre contre le péché originel et la grâce), Manichéisme (dualisme radical (Lumière et Ténèbres) construit à partir d’emprunts à différentes mythologies). La pensée de Saint Augustin a exercé une influence considérable sur la pensée occidentale et ses “Confessions” résonnent encore dans la réflexion actuelle.

Voilà pour les Anciens...
Engageons-nous dans les Modernes , les chrono-modernes en tout cas, en donnant plus ou moins le top de départ à la Renaissance.

LÉON-BATTISTA ALBERTI : 1404 - 1472. Italien, humaniste et architecte. Il vivait l’architecture, qu’il défendit auprès de Laurent de Médicis dans un traité de 1485, comme point de convergence de ses préoccupations scientifiques, littéraires et philosophiques. Dans son traité “De la famille”, il propose un idéal d’équilibre et de mesure qu’il s’efforce lui-même d’accomplir .

L’ARIOSTE : 1444 - 1533. Surtout passé à la postérité pour son long poème héroï-comique, le Roland Furieux (Orlando Furioso), synthèse du récit chevaleresque et du roman d’aventures. Attaché au service de la famille d’Este, il aspirait à une vie calme et simple et c’est par ses œuvres qu’il parvenait à s’extraire des servitudes de ses fonctions. Il s’est beaucoup inspiré des auteurs latins dans ses poèmes et dans son théâtre.

LÉONARD DE VINCI: On n’épargne rien au génie, même pas cet aphorisme(au fond surréaliste) de cour de récréation qui a régalé, avec d’autres, mon enfance studieuse: “À force de scier, Léonard devint scie” . Et oui ...
Le prodigieux Léonard, dont on cacha à nos pudiques études secondaires le goût pour les garçons, né en 1452, s’éteint dans les bras virils, jusqu’à plus ample informé hétérosexuels, et assurément admiratifs de François 1er au Clos-Lucé (Château d’Amboise) en 1519. Bien que fondamentalement empiriste, il considérait les mathématiques comme le “paradigme absolu du savoir”. Mais au delà de nombreux et surprenants résultats techniques, il se préoccupait d’élaborer une science du visible soumise à la représentation et poursuivait une profonde réflexion théorique qu’il superposait à son activité picturale. Malgré les résistances de ses contemporains (Michel-Ange) il installe une nouvelle manière, le sfumato, qui tend à noyer le dessin dans l’air vaporeux et permet de relier intimement les personnages au paysage. Et puis La Joconde, bien sûr ...
À 28 ans, il se considérait modestement comme “homme universel”. La suite ne lui a pas outre mesure donné tort.

COPERNIC : Nicolas. 1473 - 1543. Astronome, il est sensible aux insuffisances du système géocentrique de Ptolémée et il élabore une théorie nouvelle du mouvement des planètes, héliocentrique. Les deux idées fortes que sont l’héliocentrisme et la rotation de la Terre sur elle-même ne sont pas en fait entièrement nouvelles : Aristarque de Samos (~310 - ~ 230) les avait avancées dans l’antiquité et avait été pour cela accusé d’impiété. Nicolas Oresme (1320 - 1382), qui fut évèque de Lisieux et traduisit Aristote, dans son traité de géométrie et de cosmographie “De cœlo et mundo ” avait évoqué la possibilité d’une rotation de la Terre autour de son axe. Mais Copernic saute le pas, affermit ses conceptions et passe de l’hypothèse à l’affirmation dans son exposé “De revolutionibus orbium cœlestium libri sex ”.
Il énonce : Le Soleil et les étoiles sont immobiles / La Terre et les planètes tournent autour du Soleil / En même temps qu’elle tourne en un an autour du Soleil, la Terre tourne sur elle-même en un jour.
Mais il ne conçoit pas d’abandonner le principe pythagoricien des mouvements circulaires uniformes et, comme Ptolémée,explique les orbites par des systèmes compliqués de cercles pour “coller” à ses observations. Toutefois l’odre de succession des planètes est désormais fixé et leurs distances relatives au Soleil pourront être calculées. Il ordonne à partir du Soleil : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne . S’ajouteront dans les siècles à suivre : Uranus, Neptune et Pluton.

Remarque I . On citera la phrase suivante (moyen mnémotechnique scolaire) pour retenir cet ordre de succession : Me Voici Tout Mouillé, Je Suis Un Nageur Pressé.... On s’appuie sur les initiales, ça vaut ce que ça vaut, mais pourquoi pas?

Les idées de Copernic n’eurent d’abord que peu de partisans et c’est seulement le soutien de Galilée (voir ci-dessous) et de Képler (1571 - 1630) et les découvertes fondamentales complémentaires avec lesquelles ils consolident lesdites idées (Képler a l’intuition révolutionnaire et définitive des trajectoires elliptiques parcourues suivant la loi des aires: le segment joignant le Soleil à la planète balaie des aires égales en des temps égaux (1609)) qui assureront le triomphe de l’héliocentrisme.

Remarque II : On peut citer là aussi une méthode mnémotechnique de potache pour retenir la succession des astronomes qui ont contribué à “installer” notre vision moderne du système solaire. A ceux déjà cités (dans cet article ou dans l’article Ptolémée), il faut adjoindre le danois Tycho-Brahé (1546 - 1601), maître de Képler, génial observateur du ciel (à l’œil nu ! La lunette astronomique, c’est Galilée (1610)), mais qui, malgré tout cramponné à la physique aristotélicienne, ne put se résoudre à admettre l’héliocentrisme de Copernic. Et la quasi comptine :
Allons, Hercule, Pourquoi Obéir et Cacher Ta Bite sous ce Kilt Géant? .... pour (initiales)...
Aristarque / Hipparque / Ptolémée / Oresme / Copernic / Tycho-Brahé / Képler / Galilée.
Oui, je sais, c’est un peu ... “limite”, mais c’est assez efficace!

(Michel Eyquem de) MONTAIGNE : Bordeaux . 1533 - 1592. Né sous le règne de François 1er (1515-1547), Montaigne connaîtra cinq autres rois : Henri II (1547 - 1559) , François II (1559 - 1560), Charles IX (1560 - 1574) , Henri III (1574 - 1589) et, pour trois ans, Henri IV (1589 - 1610).

Hiver-Printemps 1551 - 1552 : Henri II (qui mourra en tournoi sept ans plus tard, en 1559), conquiert contre Charles Quint les trois évéchés lorrains de Metz, Toul et Verdun (Metz que défendra ensuite brillamment François d’Aumale, futur duc de Guise, face à la contre offensive des armées du vieil empereur). Catherine de Médicis, épouse du roi, assure à Paris, pendant la campagne, sa première régence. Montaigne, lui, va sur ses vingt ans. Il a étudié auprès des meilleurs humanistes au collège de Guyenne et en revient avec un vif mépris du pédantisme et le goût des poètes latins (Virgile (~70 - ~19) , Ovide (~43 - 17 (ou 18)). Il sera conseiller au parlement de Bordeaux dans deux ans et il y fera la connaissance d’Étienne de la Boétie dont l’amitié exceptionnelle et brève (La Boétie meurt en 1563) transformera sa vie.

Le 24 août 1572, c’est la Saint-Barthélémy. On est un dimanche et la journée sera caniculaire. Les massacres commencent dans Paris à une heure du matin. Deux à quatre mille protestants seront assassinés dans la capitale. Il y aura aussi, à des degrés divers, des tueries en province. Les guerres de religion battent leur plein. Elles ont débuté il y a dix ans, en 1562, avec le “massacre de Wassis”, ordonné par les Guise, chefs de la faction catholique. Elles vont se prolonger jusqu’en 1598 et la proclamation de l’Édit de Nantes par Henri IV. Montaigne sera mort depuis six ans. Au début du conflit, il a manifesté du zèle pour le parti catholique tandis qu’un de ses frères passait du côté des protestants et puis ...

Il a vendu sa charge de conseiller en 1570, il s’est retiré sur ses terres où, “retraité” à 37 ans et avec du recul par rapport aux événements et des amitiés dans les deux camps, il poursuit essentiellement une méditation personnelle malgré quelques épisodes d’engagement obligatoire à venir (un passage dans les armées royales en 1976 - une charge de maire de Bordeaux dans la première moitié des années 80).

En 1576, il fera frapper une médaille représentant une balance à l’équilibre avec la devise : “Que sais-je?”.... et il rédige L’Apologie de Raymond de Sebond (Raimundo Sabunde), médecin et philosophe catalan mort en 1436 à Toulouse, dont il avait traduit la Théologie naturelle, Apologie qui réunit les arguments du scepticisme et dans laquelle, de fait, il prononce un réquisitoire contre les “prétentions” de la philosophie antique. Il avait pourtant connu un premier enthousiasme sous l’influence de La Boétie pour celle-ci, pour le stoïcisme au moins, dont l’approche-appropriation l’a aidé, dans ces époques troublées, à se maintenir en “sage”, dans la dignité et l’indépendance. Mais enfin, c’est davantage en sceptique qu’il plaide le dilettantisme contre tous les dogmatismes, et le souci premier de surtout “faire bien l’homme ” contre les faux idéalismes.

En 1588, alors que l’année roule vers le 23 décembre, et l’assassinat du duc de Guise (Henri, fils de François, le défenseur de Metz) par des gentilshommes de la garde rapprochée d’Henri III (qui s’écriera devant le cadavre: “Mon Dieu, qu’il est grand! Il paraît encore plus grand mort que vivant...”, exclamation qui, détournée de son sens premier, va faire florès), Montaigne profite d’un voyage à Paris pour faire publier un troisième livre des Essais, le plus personnel, après les deux premiers, parus en 1580. Et pendant les quatre ans qui lui restent à vivre et qui verront l’assassinat (dans les ressentiments de celui du duc de Guise) d’Henri III par le dominicain Jacques Clément et Henri IV débuter son règne, Montaigne ne cesse plus de corriger et d’enrichir les Essais qui sont encore aujourd’hui une vaste construction, vivante et fraternelle, où puiser pour réfléchir .

Quand il meurt, il n’a pas soixante ans et cela fait près de quinze ans qu’il souffre de la “gravelle” (calculs rénaux) à propos de quoi il a écrit : “Les bâtiments de mon âge ont naturellement à souffrir quelque gouttière....”

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